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A Venise, le thriller érotique « Babygirl » jette un pavé dans le cinéma post-#metoo

A l’heure des femmes puissantes, allez appeler une héroïne Babygirl ! Il fallait sans doute une actrice comme Nicole Kidman pour tenir le rôle-titre du thriller érotique de la réalisatrice et scénariste néerlandaise, Hilani Reijn, née en 1975, à Amsterdam. Présenté en compétition à Venise, vendredi 30 août, Babygirl explore la sexualité trouble d’une femme de pouvoir, Romy, laquelle prend le risque de ruiner sa carrière en nouant une relation avec un jeune stagiaire de son entreprise, Samuel (Harris Dickinson, révélé dans Sans Filtre, de Ruben Öslund, Palme d’or en 2022).
Depuis sa projection, ce film d’une cinéaste peu connue – Bodies Bodies Bodies (2022), Instinct : la liaison interdite (2019), sortis en VOD – n’a cessé d’occuper le terrain des conversations, tant il jette un pavé dans le cinéma post-#metoo, un peu corseté dès lors qu’il s’agit de sexe et de consentement. Sur cette question sensible, les productions ont tendance à privilégier les films sociétaux (biopic, drames sur des agressions sexuelles…) plutôt qu’à investir dans des œuvres sulfureuses.
C’est cette dernière option qu’a choisie Halina Reijn, par ailleurs actrice, même si la quadragénaire réussit à inscrire son récit au cœur des problématiques actuelles, en interrogeant les logiques de domination contre lesquelles il est nécessaire de lutter – un personnage de jeune femme noire (Sophie Wilde) en quête d’« empowerment » complète le tableau. La morale étant sauve, la réalisatrice s’autorise dès lors à lâcher les rênes du scénario !
Le film étudie la boîte noire de la sexualité féminine et, dès la première image, installe le doute. Romy (Nicole Kidman) est au lit avec son mari, Jacob (Antonio Banderas). Elle approche de l’orgasme, lui aussi, une fois la jouissance atteinte, ils se disent : « Je t’aime. » Mais Romy a peut-être simulé. Car, aussitôt après, elle se lève, se précipite dans la pièce voisine, ouvre l’ordinateur et se masturbe devant une vidéo SM. La main devant la bouche pour ne pas réveiller toute la maison.
Tout est sous contrôle chez Romy, le travail, le corps, le couple, et cette mère de deux adolescentes a toujours mis sous le tapis cette part inavouable de sa sexualité. A New York, elle est la patronne incontestée d’une entreprise de robotique, professant à longueur de journée de tièdes discours sur l’humain à l’heure de l’intelligence artificielle. Mais un matin, sur le chemin du travail, une vision la terrifie : un chien déchaîné crée la panique au milieu des passants, avant qu’un jeune homme, dont elle croise le regard, n’intervienne et ne calme l’animal.
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